Les participants à un séminaire portant sur le thème “Citoyens EMI: informés, engagés, habilités” qui s’est tenu, samedi à Tunis, à l’occasion de la célébration de la semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information, ont souligné l’importance de ce thème qui immunise le public contre le risque de polarisation par les groupes prônant la violence et l’extrémisme, résultant du caractère déchaîné que prend la circulation des informations en ces temps modernes.

Dans une allocution prononcée à l’ouverture du séminaire, Nejib Mokni, responsable au bureau tunisien de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la Science et la Culture (UNESCO), a déclaré que la célébration de cette semaine initiée en 2012 par l’UNESCO et célébrée du 24 au 31 octobre de chaque année, témoigne de l’importance que revêt l’éducation aux médias en tant qu’élément clé du renforcement de l’intégration sociale et du dialogue culturel, dans un objectif de créer des réseaux d’échange d’expériences et de mobilisation des efforts visant à intégrer ce thème dans les programmes d’enseignement et de consolider le rôle des médias en tant que support éducatif efficace.

Il a ajouté que l’éducation à l’information apporte une réponse à une multitude de questions en rapport avec les techniques de recherche de l’information, ses sources et sa valeur, ainsi qu’avec les défis qu’impose la pléthore d’informations et l’usage que l’on en fait.

Mokni a encore souligné le rôle joué par l’éducation aux médias pour saisir les opportunités offertes par les nouveaux métiers et dans la formation d’une nouvelle génération qui soit “engagée, plus consciencieuse et plus respectueuse des droits et des libertés au sein de la société”, a-t-il poursuivi, notant que l’UNESCO a mis à la disposition du grand public, des cours en ligne auxquels l’accès est gratuit, dans le but de garantir un apprentissage indépendant et de développer le travail de réseautage et de recherche dans ce domaine.

De son côté, Divina Meigs, de l’association “Savoir devenir”, a expliqué que” l’éducation aux médias et à l’information fait office d’un projet pédagogique d’apprentissage alternatif, notant qu’il consiste également en un “projet politique qui vise à créer des sociétés fondamentalement démocratiques”.

Pour sa part, Mouna Mtibaa, chargée de la formation au “Programme tunisien de soutien aux médias” financé par l’Union Européenne (UE) et supervisé par “Le Centre africain pour la formation des journalistes et communicateurs” (CAPJC), a affirmé que le rôle du journaliste reste déterminant sur le plan de l’éducation à l’information, en érigeant le respect de l’éthique de la profession et la qualité du travail en valeur absolue.

Prenant la parole, Nouri Lajmi, président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), a estimé qu’il n’est plus question de perdre encore plus de temps pour s’engager pleinement dans l’éducation aux médias et à l’information et pour prendre les précautions nécessaires à la préparation des générations futures à une information de qualité”.

Dans ce contexte, le séminaire a été l’occasion d’exposer les expériences réussies dans le domaine, dont le projet “Parler librement à la télé et sur internet” qui sera lancé lundi 28 octobre 2019 par l’organisation Article 19 en partenariat avec le ministère de l’Ééducation, au profit de 76 élèves ayant suivi une formation sur la liberté d’expression et qui avaient produit 60 contenus médiatiques dans différentes régions du pays, a indiqué Salwa Ghazouani, directrice du bureau de l’organisation Article 19 à Tunis.

Les travaux du séminaire se poursuivent dans le cadre de quatre ateliers portant sur les thèmes suivants : “A l’ère des fake news, l’EMI est-elle une priorité”, “l’EMI, une nouvelle discipline scolaire”, “Détecter et prévenir le discours de haine en ligne”, “Médias et EMI: pour une information engagée et responsable”, et “EMI et jeunesse, quelle coordination entre les initiatives pilotes en Tunisie”.

Le séminaire a été organisé par l’UNESCO en partenariat avec le programme d’appui au secteur des médias en Tunisie, l’organisation Article 19, l’association Tunisienne des médias alternatifs, l’association “Savoir devenir” et l’organisation “Irex Europe”.